TOUR YCONE (2019)

Lieu : Lyon
Date : mars 2019
Public : Inauguration de la tour Ycone avec les maîtres d’oeuvre, d’ouvrage et architectes, dont l’équipe de Jean NOUVEL.
Spectacle : pièce pour 4 danseurs et danseuses aériennes

La tour YCONE, remarquable par sa façade aux milles reflets, est inaugurée à Lyon en mars 2018 en présence de son créateur, le célèbre architecte Jean NOUVEL, entouré de tous les corps de métiers impliqués dans sa réalisation. C’est la compagnie les IMPONDERABLES qui aura l’honneur de réaliser cette inauguration.

le mot de la chorégraphe sur le processus de travail

Un bâtiment encore inhabité, c’est froid, presque sans identité : pas de marque du temps, pas d’égratignures, tout est lisse, propre, sans ride. Surtout un bâtiment si grand, qui en impose. Un bâtiment neuf, c’est aussi un bâtiment prêt à accueillir des vies, des familles, des liens, comme un cocon de vie, prêt à protéger, abriter des histoires, des regards, garder des secrets.
Le défi a été pour moi d’aller saisir cette identité en devenir sur le côté de l’humain, et d’inviter les danseurs à explorer cette tour sur le terrain du sensible. J’ai voulu qu’on ailler questionner ensemble la relation intime à cette architecture imposante. C’est toujours difficile d’imaginer ce qui n’est pas encore là, physiquement. Alors les imaginaires et l’observation nous a aidé. Je souhaitais que ce moment inaugural soit habitée par une danse chargée d’une densité, et pour cela, c’est le lien au bâtiment qu’on est allé travaillé, ainsi que notre lien entre habitants de cette tour.

En amont, je me suis plongée dans la documentation de la tour : son origine, le choix des couleurs, des matières, son histoire, sa sémantique, le désir initial des architectes. Cela a guidé mon choix de bande musicale.
Coté direction des danseurs, j’ai construis un protocole d’exploration spécifique, pour aider à porter l’attention sur ce que nous provoquait corporellement ce bâtiment. Nous avons exploré à la fois la surface externe (la peau de la tour) mais aussi les organes internes, les tuyauteries, l’organisation des espaces, les escaliers, les abords. Pour nous imprégner de son atmosphère et apprivoiser sa stature, nous avons fait divers exercices : raconter les horizons, observer avec attention les gestes des derniers artisans présents pour les dernières retouches, écouter les bruits, les rythmes, observer les circulations, les attentes. Nous avons aussi évidemment arpenté les volumes, trouvé les fissures, les petits recoins, exploré des postures et déplacements sur façade, au bout des cordes. Cela à conduit l’écriture de phrases chorégraphiques sur façade.
Notre travail a permis d’aller chercher de la sémantique, d’explorer l’intériorité de la tour en chantier et d’explorer nos sens. Notre objectif a été atteint, dans le sens où au delà de la proposition aérienne dansée finale, nous avons pu traverser une expérience collective qui nous a fait réfléchir sur nos façon d’habiter, sur la façon dont certaines constructions imposent des modes relationnels, et questionner finalement ce rapport corps-tour d’une façon spécifique. Je crois que nous avons cherché et su retranscrire ce que cette tour nous imposait, nous proposait et nous insufflait.

La phase d’exploration fut essentielle et elle a duré 5 jours.
Elle permet à mon sens que la proposition chorégraphique soit habitée d’une texture, d’une histoire, d’une sensibilité incarnée. De mon point de vue, c’est très important que les danseurs et danseuses aériennes, à travers le travail de ma compagnie, ait le temps de la rencontre, et se mettent dans une posture d’écoute de l’environnement plutôt que de parler malgré l’environnement, sur.
Il y a quelque chose qui me dérange dans les danses qu’on écrit quelque part, et qu’on déplace d’un endroit à un autre, sans lien avec le lieu, et sans place pour le réel, ni l’imprévu. Mon travail se place plus dans l’écriture in situ, qui donne du sens et révèle la spécificité des lieux. C’est plus risqué, plus long, parfois il peut y avoir des ratés, mais à mon sens plus riche, plus authentique et dans une recherche de relation juste au présent et en lien avec l’environnement immédiat. Ce sont des pistes importantes dans mon travail.

Rachel