#CONFINEMENTS DANSE

Entre mars 2020 et mars 2022, le monde connait un bouleversement sanitaire, une pandémie. Les espaces se confinent, les personnes se cloisonnent, couvre feu et masques obligatoires. Les théâtres ferment, les cafés tirent le rideau, plus personne ne bat le pavé des rues, les villes sont comme vidées de leur humanité, et ne vibrent plus la même énergie …

Dans ce contexte de fermetures, mon corps et mon psychisme rentre en résistance, cherchent des ouvertures. Besoin de danser et de partager s’expriment plus que jamais. Comme la majorité des français, j’explore mon quartier comme jamais, lors des rares sorties autorisées. Ces sorties s’imposent comme des rencontres avec les éléments extérieurs, les structures, l’espace public… devenu espace de fuite, désertés.

Naturellement, me prend l’instinct de danser ces vides, sans public, dans une absences de regards absolue, juste pour moi même. Chacune de ses explorations sont des pures instantanés des espaces, des environnements, des conditions météorologiques, toutes mues par une envie d’exprimer par la danse, pas le mouvement, mon intériorité de l’instant. Pendant cette période, ces instantanés dansés sont devenus comme un rituel, ou plutôt des rdv non préméditées de rencontres possibles avec l’espace public. Parfois une lumière, parfois un son, parfois une structures, une géométrie .. m’interpelait et m’invitait à la danse. Spontanéité que je n’osais peut être pas, dans un contexte de vie normal, d’usage normal de nos espaces collectifs. Ces expériences m’ont invités à découvrir les textures, les matières, les vibrations, les sonorités, les lumières des espaces proches de mon lieu de vie comme je ne les avais jamais regardé et apprécié auparavant.

Parfois, j’ai posé mon téléphone caméra, comme un oeil spectateur qui a le don de transporter les expériences dans d’autres temporalités. Vidéos mémoires de ces actes dansées spontanés. Au départ, je ne pensais pas partager ces « espace-temps » vouées à n’exister que pendant l’instant présent, sans trace.

Mais, A posteriori, quand je regarde ces vidéos, je ressens qu’elles signent un espace temps particulier. A la fois pour notre histoire collective, mais aussi pour ma trajectoire de danseuse et chorégraphe.

Ces instantanés m’ont invité à recentrer ma danse sur l’instant, le présent, l’improvisation non spectaculaire, très proche de mon vécu intérieur. Je peux dire aujourd’hui que la danse est un enjeu vital pour moi, car elle a trouvé un endroit même pendant la pandémie. Le présent s’impose tellement fort dans ces instants que j’en oublie la notion d’écriture, de forme, et de représentativité. Mon souffle, la température des objets, le vent, la rugosité des matières, leur bruit, leurs courbes et lignes prennent tout l’espace… et l’intention est juste de les révéler, les traduire.

Place du Tribunal, Nos SOLITUDES

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